La Bauta, roi des masques vénitiens
Parmis les nombreux masques du Carnavale de Venise que nous produisons dans notre atelier artisanal, vous trouverez la Bauta, le roi des masques vénitiens. Nous savons tous que les masques sont typiques à Venise et souvent nous pensons que cette tradition dépend des costumes du Carnaval. En réalité, sous la République de la Sérénissime, les masques, et en particulier la Bauta, ont une histoire beaucoup plus complexe et fascinante.
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Jusqu’à 1797, année de la chute de la République, les masques se portaient dans la vie quotidienne, bien au-delà de la période du Carnaval. Il était autorisé par la loi d’utiliser le masque de la Bauta dans les rues pendant environ 6 mois dans l’année. Les voyageurs étrangers pensaient que Venise avait un Carnaval infini et décrivaient dans leurs textes une ville “pleine de fantômes”. La raison qui se cache derrière l’utilisation des masques vénitiens est très simple : préserver l’anonimat et garantir la liberté personnelle. Un stratagème qui contribuait à faire de Venise un lieu totalement unique au monde, dissimulant une atmosphère de mystère au quotidien. Imaginez-vous par exemple, des dessins d’hommes et de femmes dialoguant aimablement Place Saint-Marc. Un couple masqué se dirigeant vers le café Florian pour prendre le chocolat chaud... Vous ne pourrez jamais savoir de qui il s’agit et il vous sera impossible tous commérages ! Pensez à entrer de nuit dans le fameux “Ridotto”, l’élegant casino des siècles passés. Autour des tables de jeux, éclairer par la lumière tamisée des bougies, sont installés seulement des personnes en Bauta. Personne ne devait savoir si le rejeton d’une noble famille était en train de se ruiner ou, au contraire, si un marchant faisait fortune aux jeux. Aucun scandale, aucune jalousie : la paix de la Sérénissime ne doit pas être perturbée !
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Origine et utilisation de la Bauta
La Bauta a une origine très mystérieuse, mais nous savons de fait que, comme des masques vénitiens tels que le Mattacino et la Gnaga, c’est un masque très antique : le premier document citant la Bauta remonte au XIIIème siècle ! Il était cité dans la liste de dot d’une mariée, ce qui laisse supposer que le masque était utilisé antérieurement.
Au fil des siècles, la Bauta devint essentielle dans le mode de vie vénitien, une vie très libre faite de costumes.
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En le revetissant, nobles et gens du peuple étaient affranchis des contraintes de classe et des obligations de la morale publique. Les jeux de hasard et le vice pouvaient être pratiqué avec une liberté relative, le masque protégeant de tous regards extérieurs, maintenant l’anonimat au milieu de la foule.
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La Bauta faisait partie de la vie quotidienne de la Venise antique, car le masque était porté au-delà de la période du Carnaval. Selon la loi, il était autorisé de s’habiller en Bauta pendant l’automne, du 5 Octobre au 16 Décembre, lors des grandes fêtes civiles, comme la “festa della Sensa” (le rituel du mariage entre Venise et la mer) et pour célébrer l’élection des Doges et autres hauts fonctionnaires du gouvernement de la république. |
La loi interdisait cependant de porter la Bauta durant le carême et autres fêtes religieuses, mais nous avons pu découvrir d’après les récits de voyageurs et des commentateurs des costumes vénitiens, que la loi avait tendance à être transgréssée et que les vénitiens se livraient à de telles interdictions. De nombreux rappels des ordres des législateurs, suivit d’amendements aux restrictions, sont témoins de la tendance des vénitiens à revêtir le costume de Bauta le plus tôt possible et même davantage. Les citoyens de la République étaient si habitués à utiliser la Bauta, qu’ils l’appelaient même “abito d’uso”, signifiant “habit d’usage”, c’est-à-dire ordinaire et commun. |
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Cet usage quotidien à certainement fait de la Bauta le roi des masques vénitiens et l’a distingué des autres masques et costumes du Carnaval de Venise. Ceux-ci étaient portés seulement pendant la période des fêtes et servaient à interpréter un personnage spécifique (tel que le fou, le turcs, etc.), habituellement satirique, grotesque ou apotropaïque (le Docteur de la Peste étant un exemple). En revanche, la Bauta devint quelque chose de similaire à un “costume national”, et même une sorte d’uniforme aristocratique. |
Pendant les grandes célébrations de la vie politique de l’Etat, et en présence du Sérénissime Doge, les aristocrates recouvraient les élegants et précieux habits d’époque par le costume de la Bauta. Reflétant ainsi l’égalité et la cohésion entre les individus et les familles de classe noble, spécialement en présence de dignitaires étrangers. Une exigence d’harmonie qui était partie intégrante de l’idéologie d’Etat de la Sérénissime République de Venise. |
La Bauta constitue un cas unique dans l’histoire : la masque s’éloigne du contexte de la fête et du rituel pour entrer dans la vie quotidienne d’une société, et qui plus est jusqu’au niveau le plus élevé de l’échelle sociale ! Dans certaines circonstances, la Bauta était même obligatoire par la loi. Si vous souhaitez approfondir à propos de ce sujet, nous vous invitons à participer à un de nos ateliers de décoration de masques vénitiens ou à acheter notre livre “Maschere a Venezia” sur notre boutique en ligne.
Les caractéristiques de la Bauta
Entre les différents caractéristiques de la Bauta, il y a des détails historique qui font partie intégrante du costume :
- la Bauta pure, un capuchon de soie noire enrichi de dentelles vénitiennes “pizzi” et “merletti”
- le masque blanc appelé “Volto”
- un chapeau, différent selon les siécles et les modes.
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La Bauta, dont tout le costume prend le nom, couvre la tête et descend sur épaules jusqu’au coudes et est formé de deux parties. La partie supérieure rend méconnaissable, faisant disparaître tous les détails possibles de la tête et des vêtements. Un trou ovale encadre le visage, cachant également le menton. La partie inférieure sert à rendre le costume plus somptueux montrant toute la richesse de l’individu. Qui pouvait se le permettre, utilisait la dentelle appelé “pizzo” ou “merletto”, soie très précieuse et très recherché qui coûtait une fortune. La couleur de la Bauta était toujours strictement noire. |
Le reste du visage était caché par un masque, dit “Volto”. Le masque était la stylisation du visage humain, avec la partie sous-jacente du nez très proéminant, permettant de parler, de manger et de boire sans le retirer. Celui-ci n’avait pas rubans mais se portait encastré entre le chapeau et le front, de manière à rester comme suspendu et à ne pas s’appuyer contre le visage. De cette façon, il était possible d’utiliser le masque pendant des heures sans désagréments. La matériel avec lequel était fait le masque était le papier-mâché, éventuellement renforcé avec du plâtre ou des bandes de gaze, garantissant la légèreté et donc le confort lors de son usage, mais qui ne permettait pas une utilisation durable du masque. De nos jours, seulement deux “Volti” originaux du XVIIIème siècle nous sont parvenus, et sont conservés au Metropolitan Museum of Art de New York. |
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Le chapeau change suivant la mode de l’époque, mais généralement les représentations du XVIème et XVIIème siècle montrent des chapeaux tricorne. En effet, le tricorne était très pratique : celui qui désirait retirer le “volto” un instant, pouvait l’encastrer dans les rebords du chapeau jusqu’au moment de l’utiliser de nouveau. Cette fonction du chapeau se retrouve d’ailleurs représenté dans de nombreux tableaux d’époque. |
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La Bauta comme costume du Carnaval de Venise
La bauta est aujourd’hui un symbole de Venise et se distingue parmis les costumes du Carnaval. On le retrouve partout, des magasins ambulants de la Place Saint-Marc aux magasins de souvenirs, même en plastique pour quelques centimes. A Ca’ Macana, nous mettons un point d’honneur à produire nos masques exclusivement en papier-mâché, fait à la main et selon la technique originale, reproduisant les modèles authentiques des peintures anciennes. Jetez un œil à notre magasin en ligne, et regardez notre production de masques du Carnaval de Venise pour vous rendre compte de ce que nous vous expliquons.